PANAFRICANISME ET QUESTION IDENTITAIRE EN AFRIQUE

Etranger… chaque individu s’est vu à un moment ou à un autre de sa vie appliquer ce qualificatif.  Ce mot lourd  qui signifie presque toujours rejet ou exclusion trouve tout son sens dans un contexte géographique, culturel ou encore ethnique, bref, dans un contexte identitaire.  C’est face à une personne  ou à un groupe de gens  se réclamant d’une certaine identité qu’une personne tiers se retrouve dans la condition d’étranger. 

Le but de cet ouvrage n’est pas de proposer une réflexion critique sur le sens du mot étranger ni  de s’appesantir sur la condition général des étrangers, mais  d’étudier sous un large angle  la question identitaire en Afrique. 

Depuis  plusieurs siècles maintenant ; l’Afrique est frappé par une profonde crise identitaire qui se caractérise essentiellement par  le rejet  total ou partiel de la culture locale au profit de la culture importée ; l’abandon  des noms locaux, un mépris prononcé pour l’usage des langues maternelles. Cette crise dont l’ampleur semble s’accroitre de génération en  génération est synonyme d’acculturation et désarticule profondément la nature même de l’âme des peuples africains. L’histoire aussi bien ancienne que récente des peuples  montre que jamais dans la longue marche des civilisations, un peuple n’est parvenu à se développer, à s’affirmer en reniant l’essence profonde de son existence : sa culture et tout ce qui s’y rattache.

Dans une Afrique aux carrefours des influences, qui porte encore les stigmates de 400 ans d’esclavage et d’un siècle de colonisation, cette crise identitaire mérite cela ne fait aucun doute d’être l’objet d’une étude  profonde marquée par une approche pluridisciplinaire. Néanmoins ce n’est pas elle qui captivera notre attention le long des pages à venir, mais une autre crise identitaire tout aussi présente mais moins visible, tout aussi pesante mais moins sensible. 

Cette crise identitaire est le drame de l’Africain vivant hors de son territoire d’origine mais aussi de l’Africain vivant à l’intérieur des frontières artificielles tracés il y a plus d’un siècles sur une carte à Berlin et qui ont abouti sur la naissance d’états non viables et de pseudo nations.  Elle est synonyme de xénophobie mais aussi de perte de repères, d’une situation difficilement acceptable, d’une réalité viciée, d’obstacles et de barrières psychologiques. 

Cette question identitaire mériterait  que l’on s’y attarde. Balloter entre de multiple influences, confronter à de nombreux nids identitaires, l’Africain se retrouve dans la délicate situation de celui qui doit faire un choix, un choix non seulement difficile mais irréaliste. Cette situation inconfortable est d’autant plus renforcée par l’orientation politique de la quasi-totalité des états actuels qui semblent encourager le choix d’une identité factice issue de l’oppression coloniale.

Quelle identité pour l’Afrique  et l’Africain de demain ? L’heure nous semble venue de poser cette question dans un monde en pleine mutation où la part belle semble faite aux grands pays ou du moins aux grands ensembles. 

Article de : Samson AHLIJAH